AFP
Mis en ligne le 04/02/2013
Le parti de droite au pouvoir en Espagne a annoncé lundi qu’il allait lancer des poursuites contre tous ceux qui ont « publié » ou « laissé filtrer » des informations jetant le soupçon sur plusieurs de ses dirigeants dans une affaire de corruption présumée.
Ces poursuites viseront « toutes les personnes ou groupes de personnes qui ont attribué au Parti populaire ou à ses structures de direction des actions illégales ou irrégulières », a déclaré Carlos Floriano, l’un des secrétaires du parti, devant la presse. « Tous ceux qui ont laissé filtrer » ces allégations et « ceux qui les ont publiées » seront visés, a-t-il affirmé. « Tous », a-t-il répété à plusieurs reprises, sans préciser nommément qui serait poursuivi.
Le nom du chef du gouvernement, Mariano Rajoy, président du PP depuis 2004, était apparu jeudi dernier dans une liste de noms manuscrits supposée provenir de documents comptables établis par deux anciens trésoriers du parti, Luis Barcenas et Alvaro Lapuerta, publiée par le quotidien El Pais.
D’après ces documents, écrivait le journal, l’actuel chef du gouvernement aurait perçu, entre 1997 et 2008, des « paiements pour un total de 25.200 euros par an », provenant de dons émanant de chefs d’entreprises privées.
Les noms d’autres dirigeants du parti, dont celui de Maria Dolores de Cospedal, sa numéro deux, apparaissaient également dans la liste.
Depuis, le PP affirme avoir toujours agi dans une stricte légalité et répète que ses comptes sont « transparents ». Mariano Rajoy a démenti samedi avoir touché de l’argent « au noir » et annoncé qu’il allait prochainement publier sa déclaration de revenus.
Luis Barcenas, ancien gérant puis trésorier du PP, a qualifié lundi cette affaire de « manipulation grossière », démentant que Mariano Rajoy ait pu toucher des fonds illégaux et l’existence d’une comptabilité parallèle. « Je le dis, c’est une manipulation grossière », a-t-il répondu, interrogé sur ce point par la chaîne de télévision Antena 3. « Il n’existe pas et il n’a jamais existé de carnet secret », a-t-il ajouté.
Les révélations de la semaine dernière, dans un pays excédé par la multiplication des affaires de corruption, ont soulevé une vague d’indignation populaire.
Le chef du Parti socialiste, le principal parti d’opposition, Alfredo Perez Rubalcaba, a demandé dimanche la démission de Mariano Rajoy.
Il a estimé que le chef du gouvernement n’est pas en mesure de faire face à la « situation très grave » que traverse l’Espagne, où la crise économique et sociale se double à présent d’une crise de confiance envers les dirigeants politiques et d’un profond malaise dans l’opinion publique.
Espagne: le parti au pouvoir annonce des poursuites La Libre Belgique, 04/02/13