
L’un des happenings de la soirée. L’humoriste Joaquín Reyes déguisé en Femen réclame ironiquement une nouvelle hausse de la TVA. En 2012, la TVA sur les produits culturels est passée de 8 à 21 %. Par ailleurs, les Femen ont fait parler d’elles récemment en raison de leurs actions contre la réforme de l’avortement.
“Il s’agit d’un gala historique, les premiers Goya sans ministre de la culture.” Dans son sketch d’ouverture, le maître de cérémonie Manel Fuentes fait directement allusion à l’absence de José Ignacio Wert. “Vraiment, le ministre n’est pas venu ? Il aurait pourtant aimé voir ça. Je crois qu’il va quand même venir car il n’est pas seulement ministre de la culture mais aussi de l’éducation.” Et l’humoriste d’insister : “ Enfin une salle de cinéma pleine !” “Et en plus, il ne faut pas payer les 21% de TVA à l’entrée.”
Officiellement, le ministre Wert ne pouvait se rendre à la cérémonie car il rencontrait son homologue britannique au même moment. Un rendez-vous organisé dans la précipitation une dizaine de jours avant la cérémonie des Goya – l’équivalent des oscars en Espagne. Le ministre aura sans doute préféré éviter de revivre la soirée cauchemardesque qu’il avait endurée un an plus tôt, lors de l’édition 2013. Pendant près de trois heures, il avait encaissé les critiques et les sarcasmes à l’encontre de sa politique culturelle, son visage filmé en gros plan se décomposant en direct devant 4 millions de téléspectateurs.
L’absence de représentants du gouvernement n’a cependant pas empêché les professionnels du cinéma qui se sont succédé sur scène de s’en prendre aux conservateurs du Partido Popular. Morceaux choisis.
Sur le ministre de la culture
Mariano Barroso (meilleur scénario adapté) : “Si le ministre de la défense ne se rendait pas au défilé des forces armées, son chef le renverrait sûrement le jour suivant. Mais dans ce cas-ci, le chef en question a peu d’autorité.” “Mon fils qui a cinq ans ferait un meilleur ministre de la culture et il aime beaucoup le cinéma espagnol.”
Roberto Alamo (meilleur acteur dans un second rôle) : “Wert, ton absence me déshonore.”
Juan Antonio Bayona (réalisateur de The Impossible) : “Son absence est le constat du gouffre qu’il y a entre le secteur et le gouvernement.”
Sur l’avortement
Mariam Álvarez (meilleure actrice) : “Je veux dédicacer [ce prix] à toutes les femmes qui se battent pour nos droits. Nous ne permettrons à personne de décider à notre place.”
Natalia de Molina (meilleur espoir féminin) : “Je refuse que quelqu’un décide pour moi. Ils nous prendront tout, sauf nos rêves et notre capacité de rendre ces rêves réels.”
Les déclarations de Javier Bardem
“Wert a commis un acte d’indifférence envers cette industrie. C’est un rejet absolu. C’est de l’insolence.”
“Notre industrie, notre cinéma, fait avec beaucoup de tendresse, d’effort, de discipline et énormément de talent, est bien au-dessus de notre ministre de l’anticulture.”
“Heureusement, les citoyens sont toujours au-dessus de leurs représentants politiques.” “Quel exemple cette marée blanche [référence aux mouvements contre la privatisation de la santé publique à Madrid]. Félicitations !”
LIRE AUSSI :
Humour noir et vindicte à la cérémonie des Goya
Goya 2013 : la droite réplique aux acteurs