La famille royale essaie de regagner la confiance des Espagnols en misant sur la transparence.
En Espagne, personne n’échappe à l’ouragan de la crise, pas même le roi. Une réforme de la Couronne semble même désormais possible alors que son statut n’a jamais été modifié depuis l’adoption de la Constitution en 1978.
Ainsi, María Dolores de Cospedal, numéro deux du Partido popular (PP) de Mariano Rajoy au pouvoir, a estimé lundi que c’est un « bon moment » pour réguler « certains aspects » de l’institution monarchique. Reste à déterminer quels aspects seront concernés. Si le PP reste évasif, le Parti socialiste, principale formation de l’opposition, réclame la modernisation de l’institution, en modifiant notamment le droit de succession, pour l’instant réservé aux hommes.
Ces déclarations ont lieu alors que la Couronne est gravement affectée par la crise de confiance des Espagnols dans leurs institutions. Dimanche, une manifestation pro-républicaine a rassemblé des milliers de personnes à Madrid. De même, certains appels à l’abdication du roi Juan Carlos au profit de son fils Felipe ont marqué les esprits ces dernières semaines. Enfin, dans une récente enquête publiée par « El País », seuls 42 % des sondés approuvaient la gestion du roi.
Son lustre est terni par des scandales récents, et notamment celui de la convocation de l’infante Cristina devant la justice dans l’affaire de détournement de fonds publics dont est accusé son mari, Iñaki Urdangarin. Mardi, l’infante a du reste déposé un recours contre la décision du juge d’instruction.
La Couronne semble chercher par tous les moyens à redorer son blason. Elle mise notamment sur la transparence. En janvier, elle a ainsi rendu public son budget pour la deuxième fois de son histoire. Elle en a profité pour afficher ses efforts d’austérité : en 2013, elle dispose de 4 % de moins qu’en 2012.
Mais, surtout, depuis février dernier, elle négocie avec le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy son incorporation au sein du projet de loi sur la transparence, l’accès à l’information publique et le bon gouvernement, actuellement à l’étude au Parlement, censé permettre aux citoyens d’accéder à l’information des administrations publiques. Néanmoins, le gouvernement a d’ores et déjà prévenu que le régime de transparence auquel sera soumise la Couronne sera particulier dans la mesure où « il ne s’agit pas d’une administration publique », mais d’un organe d’Etat, a déclaré la vice-première ministre Soraya Saenz de Santamaría il y a deux semaines. Plusieurs analystes consultés par « Les Echos » estiment notamment que les activités professionnelles privées de la famille royale devraient rester hors du champ de la loi. Le Parti socialiste plaide quant à lui pour la publication du patrimoine de tous les membres de la Casa Real.
En attendant, l’actualité royale reste soumise à une certaine opacité. Après les révélations d’« El Mundo » début avril sur un héritage secret du roi Juan Carlos, les questions parlementaires sur le patrimoine du roi ont été, pour la plupart, écartées au motif qu’elles ne concernaient pas l’action du gouvernement.
La monarchie espagnole en voie d’être réformée – Les Échos, 17/04/2013