Des milliers de manifestants ont défilé samedi à Madrid et dans d’autres villes d’Espagne pour réclamer une « Europe des personnes contre l’UE des marchés », à l’appel du mouvement des indignés, qui dénonce l’incapacité des dirigeants européens à sortir de la crise. « Nous ne devons rien. Nous ne payons pas », était écrit sur une banderole d’une manifestation à Valladolid (nord).
Un slogan repris aussi par les manifestants à Madrid en référence à Chypre qui vient d’imposer une taxe exceptionnelle et sans précédent sur les dépôts bancaires en échange d’un plan de sauvetage européen de 10 milliards d’euros.
« Dehors la Troïka », « Il faut envoyer balader l’Europe du capital », scandaient les protestataires en défilant à Madrid jusqu’à la Puerta del Sol, une place centrale occupée pendant plusieurs mois par le mouvement des indignés né en mai 2011.
« Leur crise-escroquerie rompt la paix sociale », « les corrompus en prison », « cette austérité ruine et tue », dénonçaient les pancartes portées dans le cortège de manifestants qui fustigeaient pèle-mêle les coupes budgétaires, les affaires de corruption, le chômage.
« Nous voulons dénoncer la situation en Europe où ils sauvent les banquiers mais nous le font payer à nous », explique Teresa Partida, une chômeuse de 60 ans. « Ce sont des escrocs, des voleurs. C’est une honte », renchérit Begonia Crespo, une actrice de 52 ans, se référant à l’affaire des « enveloppes » d’argent qu’auraient reçues des responsables du Parti populaire (PP, droite au pouvoir). « Nous ne voulons plus de ces politiques corrompus qui ne servent à rien. Ce système capitaliste est foutu », estime pour sa part Pedro Agudo, un retraité de 73 ans.
L’Espagne est l’un des pays les plus touchés par la rigueur imposée sous la pression de Bruxelles afin de redresser les comptes publics. Cette cure d’austérité draconienne vise à économiser 150 milliards d’euros sur trois ans, avant la fin 2014.
Le déficit public a été ramené à 6,7% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, après 9,4% en 2011, au prix d’une récession qui s’aggrave (le PIB a reculé de 1,4% en 2012) et d’un chômage qui ne cesse de progresser, à plus de 26% de la population active.
(dépêche AFP)