« Sans ce livre, la révolte espagnole n’aurait pas eu lieu. Il y avait un mouvement en gestation depuis un certain temps, mais le livre d’Hessel a été l’étincelle qui a provoqué l’incendie. » Les propos tenus en juin 2011 par Sylvie Crossman, l’éditrice d’Indignez-vous !, au journal Publico ne semble plus trouver écho dans la presse espagnole au moment d’évoquer la mort, à 95 ans, de Stéphane Hessel, l’auteur du célèbre pamphlet. Le journal El País a en effet récolté les réactions d’activistes du mouvement 15-M, plus connu sous le nom de mouvement des indignés. Si tous rendent hommage au diplomate franco-allemand, ceux-ci minimisent son influence dans la création du mouvement de contestation qui s’est fait connaître le 15 mai 2011 en occupant la Puerta del Sol de Madrid.
Pour Simona Lévi, activiste barcelonaise, Hessel était « très visionnaire, très lucide. » Elle le voit comme une sorte de conciliateur du mouvement indigné. « Il a su mettre des mots sur un nouvel état de rébellion. » Cependant, Lévi souligne qu’on ne peut considérer Stéphane Hessel comme le penseur du mouvement. « C’est plus un référent empathique. »
« Les gens qui ont initié le mouvement ne connaissaient pas l’existence du livre »
Aitor, autre activiste barcelonais du mouvement, précise que le livre d’Hessel n’a été ni le catalyseur ni le déclencheur du mouvement. « Le livre a été écrit en référence à la France. Notre mouvement s’est organisé à travers les réseaux sociaux en hiver 2010. Le livre a été publié en mars 2011, peu de temps avant que nous ne fassions la convocation [appelant les gens à occuper la Puerta del Sol]. Donc ce n’était pas une référence. Hessel a été désigné comme le père intellectuel du mouvement alors que les gens qui l’ont initié ne connaissaient pas l’existence du livre. » Aitor reconnaît la force de l’œuvre qui appelle à la dignité sociale et à se rebeller contre les gouvernements, « mais c’est surtout un phénomène éditorial. »
En fait, l’œuvre de Stéphane Hessel aura surtout inspiré aux activistes le nom de leur mouvement. Fabio Gándara, un des leaders du mouvement, avait lu ¡Indignaos! et l’avait recommandé sur les réseaux sociaux alors qu’ils étaient en train de préparer la manifestation du 15 mai. Ce qu’il leur manquait, c’était un nom. Hessel le leur a donné.
« Ce qui ne nous a jamais plu, c’est le terme Indignés. »
Un nom qui ne fait plus l’unanimité aujourd’hui parmi les activistes. Pablo Gallego se souvient que le livre a beaucoup été commenté parmi les campeurs de la Puerta del Sol. Par contre, « ce qui ne nous a jamais plu, c’est le terme Indignés parce qu’il sous-entendait une sorte d’exclusion sociale et ce n’était pas le cas. Nous étions un collectif de citoyens qui s’identifiait sous le nom de 15-N, pas sous celui d’Indignés. »
Patricia Horrillo, journaliste liée au 15-N reconnaît également l’influence de Hessel, « mais je crois que nous avons été plus influencés par les révoltions tunisiennes et égyptiennes. Personnellement, le texte d’Indignez-vous ! m’a laissée indifférente. » Un texte qui sera tout de même vendu à un demi-million d’exemplaires en Espagne.
Quatre mois après la « prise » de la Puerta del Sol par les Indignés, Stéphane Hessel s’était rendu à Madrid pour présenter son nouvel ouvrage Engagez-vous ! Il en avait profité pour encourager les Espagnols à « utiliser les forces existantes pour faire avancer le mouvement. » Il s’était également dit « grand admirateur » du président du gouvernement, José Luis Zapatero, et avait demandé à son public de soutenir les socialistes en vue des élections anticipées qui se profilaient. « Rubalcaba [le candidat socialiste] sera peut-être lui aussi un grand d’Espagne », avait-il déclaré alors.
Hessel incitait à soutenir les socialistes alors que le mouvement dénonçait l’action du gouvernement
Et pour une fois, Hessel n’aura pas été visionnaire puisque non seulement Alfredo Pérez Rubalcaba a connu une défaite cuisante, mais en plus sa cote de popularité reste, aujourd’hui encore, au plus bas. Les Espagnols ayant beaucoup de rancœur envers les socialistes, au pouvoir au moment où le pays a sombré dans la crise. Cette prise de position peut par ailleurs sembler paradoxale dans la mesure où Hessel incitait son public à soutenir le parti au pouvoir alors que le mouvement entendait justement dénoncer l’action du gouvernement.
Cependant, Stéphane Hessel aura pensé une dernière fois aux Indignados de la Puerta del Sol avant de mourir. Le vieil homme, déjà très fatigué, avait en effet répondu favorablement à la demande d’un éditeur, Juan Perelló, qui lui proposait d’écrire un ouvrage à destination du public espagnol. Hessel l’avait intitulé « Ne vous rendez pas ! »
Les archives des Indignés sauvées de justesse
Una de las caracteristicas del movimiento es la ausencia de lideres y Hesse no es ningun lider ni ningun ideario… bajo mi punto de vista, es mas bien una consecuencia del contexto economico, social… tanto el movimiento « toma la plaza » (15M apodado por los diarios) como los distintos libros escritos son una consecuencia de la situacion, que se manifiestan de forma convergente en un mismo sentido…
Si me preguntaran quien/que fue un desencadenante directo del movimiento, yo diria el movimiento de la palza Tahir, ver el ejemplo de lucha de dirigir hacia una accion concreta el deseo de cambio y emularlos… de nuestros vecinos egipcios